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Mains et Merveilles

Novembre 1996

Du 26 octobre aux 11 novembre 1996, Nicolas Marischael expose ses créations au Couvent des Cordeliers dans le cadre de l’exposition « Mains et Merveilles ».

Les Grands Ateliers de France s'exposent au couvent des Cordeliers Du 26 octobre au 11 novembre 1996, le couvent des Cordeliers accueille l'exposition « Mains et Merveilles » qui réunit les restaurations et créations de quarante-six artisans d'art. Tous sont membres de l'association des Grands Ateliers de France. Leur devise : “ Tous pour un, un pour tous ! “ Ces professionnels, qui travaillent dans la beauté, pour la conservation du patrimoine artistique, n'ont jamais cessé de vivre dans l'ombre. Même s'il n'est pas rare que leurs clients soient des institutions prestigieuses. Mais les belles références intimident souvent le particulier, qui craint les prix élevés d'artisans d'art reconnus par les conservateurs. Leur clientèle reste néanmoins privée. Pour aller à sa rencontre, pour créer un label de qualité dans un secteur où n'importe qui est en droit de faire n'importe quoi, pour offrir un circuit de professionnels répondant les uns des autres, pour valoriser si ce n'est sauver ces métiers d'art, pour mieux exporter leur savoir-faire (les Grands Ateliers de France lancent leur serveur Internet le 26 octobre), cinq artisans, parmi lesquels l'ébéniste Michel Germond qui en est le président, ont imaginé cette association. Elle compte aujourd'hui quarante-six membres cooptés représentant quarante métiers. KARINE CIUPA Mains et Merveilles dans les Grands Ateliers. Couvent des Cordeliers 15, rue de l'Ecole-de Médecine 75006 Paris. La mise en scène de l'exposition Mains et Merveilles est assurée par l'un d'eux, Georges Krivoshey, peintre sur tissus, dont la démarche est esthétique et didactique. Elle a le mérite de mettre en valeur l'interdépendance des restaurateurs. Une commode, par exemple, nécessite l'intervention de plusieurs artisans : l'ébéniste, le bronzier et le doreur pour les pièces décoratives, le serrurier, le marbrier pour le plateau, le graveur pour les dessins de la marqueterie. Le client peut ainsi confier un meuble à un groupe de professionnels qui le prend en charge d'un bout à l'autre de sa restauration.Le respect que se manifestent entre eux les artisans d'art est à la mesure du respect qu'ils ont pour l'objet restauré ou créé. Il est une régle qui veut que l'envers égale l'endroit. Il faut faire beau même quand ça ne se voit pas. Au sein des Grands Ateliers , explique Michel Germond, nous avons tous le même langage. L'éthique de l'homme nous intéresse autant que ses capacités professionnelles. Pouvoir dire: “J'en réponds” est une assurance pour la clientèle. La qualité d'un seul garantit la réputation de tous.Mais s'ils se regroupent, c'est aussi pour l'aire face à leurs difficultés. Aux problèmes de formation et de recrutement s'ajoutent la crainte de voir disparaître des savoir-faire, la précarité de petites structures et ses dangers face à des charges trop lourdes, et le désintéressement d'un public dont la culture se perd, qui fait ses comptes et redistribue son budget. Le propos de l'exposition est de faire savoir. Selon le mot de l'un d'entre eux, l'artisanat d'art est coûteux mais pas cher. Un rendez-vous grand public - l'exposition les « Ors du temps », à l'automne dernier, l'a démontré - est une occasion de montrer et démontrer, d'expliquer et de convaincre.
L'une des originalités des Grands Ateliers est d'avoir suscité la création d'un comité de parrainage éclectique, placé sous l'égide de Jean Bergeron, président délégué du Comité Colbert de 1982 à 1987, président de Chaumet pendant quatre ans et initiateur de la Financière des Manufactures de France, Jean Bergeron n'a cessé d'être un homme du luxe. - Tout ce qui se, fait de grand et de durable en France sur le plan du patrimoine artistique, national ou privé , explique celui sans qui les Grands Ateliers n'existeraient pas, on le doit à ces artisans. Leurs ateliers, où s'exprime la plus haute idée de la tradition des arts français, sont aussi, concrètement, de petites entreprises isolées, éparpillées, sans grands moyens individuels. Notre souci est de valoriser ces métiers du luxe qui n'ont pas l'aura des grandes marques.
L'artisanat d'art renvoie à l'histoire, à la beauté et à un patrimoine dont nous ne sommes que les dépositaires et non les propriétaires. Il suffit qu'un artisan explique le prix des choses (souvent moins cher qu'on ne croit), qu'il montre son savoir-faire, qu'il instaure la confiance pour que ses conseils soient entendus.
KARINE CIUPA
Figaro Magazine